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Poussière...

Publié le par Sophie Assimans

Poussière...

Ma vie est compliquée et simple à la fois... Après des jours d'atroces souffrances où les journées se résument à trouver des positions antalgiques, méditer, lire, s'occuper l'esprit pour surmonter la douleur... Essayer de sourire quand mon visage est marqué de grimaces... je suis enfin heureuse quand j'ai pu faire une machine de linge. Pouvoir assumer quelques tâches ménagères, toutes ces corvées qui font râler tant de femmes... J'aimerai aujourd'hui pouvoir les enchaîner, être utile dans le quotidien...

C'est désormais ma fille 👧 qui me fait mes shampoings, les soins de cheveux... Bien sûr, ce sont des moments privilégiés que je partage avec elle !!! Mais voilà, j'ai 44 ans...

Les journées passent... Je ne me plaints pas... Je ne m'ennuie pas... Je geeke, je lis, je partage des discussions avec mes 2 amours, je fais ce que je peux au rythme où je le peux... Une vie de rêve, n'est-ce pas ? C'est ainsi que j'aime la présenter, c'est ainsi que chacun préfère m'imaginer.

Je préfère sourire car c'est ainsi que je pourrais vous voir sourire...

Je n'ai plus la force, ni l'envie de voir la souffrance des autres... La mienne est bien assez lourde à gérer...

Chaque sortie me demande davantage d'effort... Je me pomponne, c'est du temps, de l'énergie pour masquer ces grimaces qui peuvent déranger... Illusion ou politesse quand on me dit que j'ai "bonne mine" ... Cela semble ravir, rassurer mon interlocuteur, mais ce n'est que chimère... Je ne suis pas dupe de ce que je ressens, de ce que je vis... Mais si j'arrive à faire illusion, l'instant partagé est agréable ... Et c'est aujourd'hui le plus important !!!

J'ai bien essayé de me rendre utile en associatif, en tant qu'élue...Mais les gens aiment à décider de ce que je peux où ne peux pas faire... Sans même me consulter... Et c'est ainsi que peu à peu, parce que je ne peux me déplacer seule, parce que je ne suis pas assez réactive, parce que mes idées ne font pas légion…je suis exclue... Pour de bonnes raisons bien sûr... pour ne pas me déranger, pour ne pas me fatiguer... Et quand malgré toute ma volonté, je ne peux avancer... Je leurs donne malgré moi de bonnes raisons de m' évincer…

Ma vie est un long fleuve tranquille, je n'en subis que les courants…

Du handicap, je n'ai que le fauteuil…

De la maladie, je n'ai que les symptômes…

De battante à suiveuse, j'ai perdu mon essence…

Beaucoup aspirent à l'oisiveté sans savoir ce qu'elle en coûte quand elle est imposée…

L'hiver est long et l'été viendra, voilà ce que l'on dira pour balayer mon cas…

C'est ainsi que nous sommes… poussière…

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