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La dépendance et ses doutes...

Publié le par Sophie Assimans

La dépendance et ses doutes...

La dépendance et ses doutes...

J’ai ce sentiment, aujourd’hui d’être le « tyran », « l’empêcheuse de tourner en rond », celle que l’on appelle quand on a besoin mais que l’on évince quand le discours ne plaît pas… Difficile de paraître « cool », quand on n’est sollicité que pour les contraintes, les corvées, les papiers, les obligations de la vie…

Grâce à tout ce petit monde qui gravite autour de moi sans y être, j’ai perdu toute confiance en moi. J’ai l’impression d’être vieille, aigrie, acariâtre. Vais-je à 43 ans devenir comme ces personnes âgées de 80 ans que Christophe soigne ? Le suis-je déjà ?

Je comprends désormais qu’il ne faut pas être honnête, intègre dans notre société, c’est forcément mal vu, malsain car cela n’existe plus pour les gens. Je prends conscience de l’hypocrisie sociale, j’essaie de corriger cette trop grande intégrité qui m’impose de dire les choses que je pense, telle que je les pense mais tel un enfant qui apprend à marcher (c’est d’ailleurs le cas !), je suis maladroite.

Aujourd’hui, je constate que la seule personne qui me reste vraiment est mon mari.

Pourquoi reste-t-il encore avec moi ? Par Amour ? Par habitude ? Par lâcheté ?

Fuyons nous tous les deux cette question par peur de recommencer quelque chose seul, chacun de son côté ?

Encore autant et tant de questions que mon honnêteté m’oblige à me poser mais qui sont « tabous » à verbaliser.

Si j’évoquais cela avec un ami, un psy…, je serais de suite cataloguée de dépressive. Et pourtant cela me semble juste être des questions de bon sens.

Je n’ai pas d’angoisse ou de crainte par rapport à tous ces évènements, toutes ces questions de la vie et la mort et pourtant, j’ai l’impression d’être une extra-terrestre si, par mégarde, j’aborde ces sujets au détour de conversations. Le seul que je sens être en adéquation avec ces idées est encore et toujours mon mari…

N’est-il pas honnête, censé et humain de ce poser de telles questions ?

Pourquoi ne pourrions-nous pas parler de tout et librement sans être jugé ? Dans notre société, le « politiquement correct », nous empêche et nous entraîne à nous voiler la face, à ne pas regarder notre fond intérieur.

Certains se rendent bien compte qu’il y a un souci, alors ils vont voir un psy à la recherche du bien-être ?

Démarche courageuse et audacieuse pour trouver le responsable de son mal-être. Notre culture nous apprend à refouler au plus profond de nous tout ce qui dérange pour mieux nous formater et nous « détruire » aussi.

Le psy doit nous aider à découdre tout cela. Mais n’est ce pas encore pour mieux « retailler un patron » et le formater à l’image de la société ?

Le psy n’est-il pas le styliste de l’âme ? Bien sûr son travail est essentiel mais combien de travail et de retouches seront nécessaires pour sublimer le « mannequin » ?

On l’a compris dans la mode, une même tenue ne va pas à tout le monde. Pour notre âme, il paraît bien difficile d’accepter que quelqu’un soit si différent. Évidemment, tout un chacun « semble » l’admettre, voire même le revendiquer mais sans pourtant jamais aller assez loin car on a tous, à moment donné, pensé et expliqué à l’autre ce qui serait bien pour lui… Et de quel droit faisons-nous cela ?

Je n’ai pas de fantômes cachés, je ne suis pas angoissée, je m’interroge juste librement, par sincérité...

Et en toute sincérité, je n’attends pas de réponse, je n’en ai pas besoin.

Dans cette « non-maladie », qui me fait pourtant souffrir, qui me prive d’activité physique, professionnelle et sociale, Je vis simplement.

J’écris pour ne pas m’égarer, pour me rappeler ce que j’ai de plus cher, mon libre-arbitre, Moi…

Les quelques personnes qui m’entourent craignent pour « mon isolement social ». Voilà bien des mois que mon cercle de relation s’est restreint. Est-ce une mise en garde de leur part car ils prennent de moins en moins plaisir à me voir ?

Les gens semblent pourtant apprécier ma compagnie en dehors de mon domicile.

Je peux tenir une conversation, échanger des idées, raconter des bêtises, rire aux éclats… Bien sûr, dans de telles circonstances, je suis «pomponnée », habillée, coiffée, et malgré le fauteuil roulant, je n’ai pas l’air « malade ».

Je peux lire la pitié, la compassion sur certains visages… je les fuis tout en restant polie.

Je recherche la présence de ceux qui sont sensibles à mon charisme (prétentieuse que je suis !!! ou femme simplement !), ceux qui prennent simplement plaisir à partager des moments avec moi pour qui je suis et non ce sur quoi je suis. Tel un animal, je sens l’odeur de la peur, de l’angoisse … qu’engendre ma situation physique.

Je suis désormais capable de refuser de subir cette « humiliation ». Et au final, c’est si fréquent, que c’est ainsi que je vois moins de monde. Ce qui me manque le plus aujourd’hui, ce n’est pas de la compagnie (les animaux sont très fidèles pour cela). C’est simplement l’autonomie. Chaque parent sait combien un enfant est grognon à l’apprentissage de la marche. Il veut tout découvrir et il n’a pas encore la stabilité nécessaire pour accéder à ce qu’il veut. Je dois apprendre à gérer mes frustrations à ne pouvoir effectuer les gestes de la vie courante… La différence c’est qu’un enfant progresse. Moi… je régresse !!!

Bien sûr, chacun sait que la sénescence nous amènera vers cette régression mais le mental ira de pair…

Mon mental demeure et voilà !!! Je suis grognon….

La vie à la maison se résume effectivement aux actes de la vie courante pour lesquels je suis en difficulté permanente. Pas étonnant alors que les visites se raréfient. C’est souvent pour ces raisons là que l’on place les personnes âgées en maison de retraite. Pour leur sécurité bien sûr !!!

Les « basses besognes » sont assumées par des professionnels et on se réserve les visites pour le plaisir d’un moment simple sans contraintes. On se dédouane des craintes d’un accident, de la culpabilité de laisser une personne seule…

On critique ou on apprécie l’organisation, le travail des praticiens selon ses propres états d’âmes au lieu simplement d’avouer que l’on n’est pas en état d’assumer la situation. Tout est, encore une fois une question d’honnêteté.

Point de jugement, ni de parti pris de ma part pour un placement en maison de retraite ou un maintien au domicile des personnes. Je fais juste le constat que là encore, les enfants, la famille, les professionnels décident souvent en fonction de leurs propres angoisses négligeant les souhaits de la personne dépendante.

La dépendance (pourtant souvent abordée) est ainsi un arbre ancestral qui masque une forêt .

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