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Libéraux mais prisonniers...

Publié le par Sophie Assimans

Libéraux mais prisonniers...

Depuis la mise en application de l’avenant n°3 de la convention des infirmiers libéraux, avec la création de zones de niveau de dotation, les infirmiers libéraux n’ont plus de « liberté » d’installation. Cette mesure, à priori, vise à rééquilibrer l’offre de soins à domicile dans les zones déficitaires et «protéger » les infirmiers installés dans les zones surdotées.

Ainsi, notre village situé en milieu rural, dépend de Lourdes (à 12Km) et se trouve en zone surdotée, ne permettant pas l’installation de nouvel infirmier (sauf départ - le « 1 pour 1 » avec accord de la commission de la CPAM).

Le départ ou changement de cabinet de chaque infirmier doit être ainsi notifié à la CPAM 90 jours avant le changement de situation pour permettre l’ouverture de postes vacants.

A ce jour, nos collègues démissionnaires, ne souhaitent pas nous informer de leur projet professionnel à venir.

Nous ne pouvons prévoir la réorganisation des soins :

  • Si elles cessent leur activité d’infirmière libérale, nous pourront peut-être envisager de les remplacer après accord de la CPAM (dans un délai de 3 mois).
  • Si elles intègrent un autre cabinet du secteur de Lourdes, leurs postes ne seront pas vacants et nous ne pourront pas intégrer d’autre collaborateur dans le cabinet.

Notre inquiétude est la capacité à assurer la continuité des soins pour la patientèle actuelle.

Les 2 praticiens actifs restant vont effectivement assurer la continuité des soins en travaillant tous les 2 quotidiennement. Notre organisation permettait jusque-là d’assurer cette continuité lors de la défection (qu’elle qu’en soit la raison) d’un praticien. Ce ne sera plus le cas, surtout dans le cadre d’une incapacité médicale par exemple.

Cette situation met en avant les limites d’une mesure de « santé publique ».

  • La spécificité de notre localisation (limitrophe d’une autre région) mais intégrée à une zone surdotée (Lourdes intramuros) située à 12Km, n’est pas prise en compte.
  • Chaque zone intègre un nombre d’infirmiers et non les cabinets déjà constitués avec une patientèle fidèle : la fermeture de notre cabinet imposerait l’intervention de praticiens de Lourdes ou Pontacq déjà très occupés et entrainerait un surcoût pour les caisses par les facturations d’indemnités kilométriques.
  • A terme, le « turn-over » totalement libre des infirmiers installés au sein d’une même zone pourrait amener à la fermeture d’un certain nombre de cabinets au dépends des besoins de soin dans les localités, au dépends du libre choix du patient, au dépends des dépenses des caisses d’assurances maladie, voire au dépends de la qualité des soins (la surcharge de travail ne peut-être un gage de qualité dans notre métier si complet de libéraux).

L’objectif n’est pas de créer des restrictions supplémentaires à des infirmiers qui n’ont plus que le nom de « libéraux » mais de demander aux caisses (aux commissions) de prendre en compte, défendre et privilégier les spécificités de terrain (quand elles sont argumentées) plutôt que d’appliquer le quota numéraire d’une zone.

Cette situation nous touche aujourd’hui, mais bon nombre de nos collègues pourraient y être un jour confrontés. Nous sommes pourtant aujourd’hui « prisonniers » de nos consœurs et tributaires d’une commission pour assurer la continuité des soins à la patientèle du cabinet.

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