Installation et illusions...
Voilà 6 ans que Christophe et moi avons créé notre cabinet d’infirmiers libéraux dans ce petit village des Pyrénées.
Ce choix a été motivé par nos diverses expériences,
- d’abord de soignants salariés,
Ces activités diverses et variées nous ont permis de nous aguerrir en tant que techniciens d’abord.
La seule obtention du diplôme nous habilitait à exercer en qualité d’infirmier mais nous savions bien que notre engagement personnel à exercer ce métier allait bien au-delà d’une formation validante.
Absorbant tous les conseils de nos collègues ainés dans le métier, observant leurs failles, assumant nos erreurs et découvrant nos failles aussi, écoutant et observant les patients, leurs souffrances, leurs critiques (toujours positives), nous avons cheminé vers les limites de notre épanouissement professionnel en structure salariée.
Point de critique, notre activité de salariés nous a permis de grandir. Mais peu à peu, la chrysalide se transforme en papillon. Voler de ses propres ailes, découvrir des aspects plus profonds de notre vocation… ceux que l’on n’enseigne pas à l’école… parce qu’ils sont trop personnels et liés à notre âme.
Une nouvelle expérience, un nouveau départ s’est imposé à nous, l’un après l’autre, pour ne pas mettre en péril notre vie familiale.
- Infirmier libéral collaborateur
Ce fut un énorme chamboulement, la « liberté » d’exercer notre métier en quête de qualité par rapport à nos propres valeurs de respect envers nous et autrui. Notre temps libre, notre qualité de vie décuplait notre épanouissement professionnel.
Nous avons écouté et observé les patients, leurs souffrances, leurs critiques (toujours positives), mais rien à voir avec le fait de rentrer dans une chambre d’hôpital. Le cadre de vie, l’environnement familial, le chemin de vie du patient et notre personnalité, notre chemin de vie, TOUT a un impact direct sur notre travail de soignant. Pas de salle de soin ou de repos pour « s’échapper », pas de collègue pour prendre le relais du patient suivant… La voiture est bien un endroit neutre où l’on peut souffler mais les trajets sont parfois courts…
L’école nous dit de ne pas nous impliquer émotionnellement…Comment agir quand les vies du patient et du soignant sont finalement intriquées ? Pas d’école, pas de manuel pour cela…
On peut ressentir tant d’émotions dans une même journée (enthousiasme, enjouement, peine, abattement, agacement, colère…) mais chaque patient a droit à notre même sourire, dynamisme, respect et relationnel.
C’est un travail sur soi permanent, une remise en question constante pour ne pas se laisser envahir par « la rumination ». C’est une énergie énorme non quantifiée et non quantifiable dont on ne peut faire l’économie en libéral. C’est pourtant une spécificité majeure de notre professionnalisme.
Là encore, nous avons absorbé tous les conseils de nos collègues ainés dans le métier, observé leurs failles, assumé nos erreurs et découvert nos failles encore.
Reconnaissants de tous les enseignements qu’ils nous ont apportés et bien entendu des revenus qu’ils nous accordaient dans la collaboration, Christophe et moi avons encore cheminé.
Nous vivons comme une richesse d’exercer le même métier. Chacun peut évoquer à l’autre ses états d’âme sans être jugé. Chacun peut recadrer l’autre sans conséquences sur nos relations. Mais surtout chacun peut libérer ses émotions (pessimistes ou optimistes) pour limiter la « rumination ». Bien sûr, à l’inverse, cela demande un travail sur nous constant pour que notre vie personnelle ne soit pas phagocytée par notre vie professionnelle. Nous avons compris peu à peu à quel point le choix des collaborateurs était crucial dans un cabinet d’infirmier libéral. C’est un aspect qui est souvent verbalisé mais si peu traité. Le « Bien s’entendre ».
Finalement tout aussi intense que la relation avec le patient, la relation entre les collègues d’un même cabinet est primordiale car elle « transpire » sur le bien être de chaque praticien, sa vie personnelle, son professionnalisme et peut mettre en péril l’image de tout le cabinet et par là même, l’activité de tous les praticiens qui le compose. Soyons honnête, faire du libéral requiert un égo assez puissant.
Nous avons pu rencontrer bien des personnalités différentes sur ces quelques années.
L’objectif financier est souvent mis en avant par les détracteurs (ou non d’ailleurs) de la profession.
Cette unique raison nous paraît rédhibitoire mais si peu osent l’avouer de prime abord (ce n’est pas politiquement correct), cela se repère ensuite dans la façon d’exercer…
Mais le côté financier doit pourtant être abordé car tout travail mérite salaire, d’autant que la spécificité du libéral ne prend pas en compte la lourde charge administrative (gourmande en temps et en énergie).
Nous avons donc peu à peu forgés dans notre esprit l’esquisse du ou des collaborateurs avec qui il serait agréable de travailler. Point de « mouton de Panurge » bien sûr ! Pas quelqu’un qui agit sans oser évoquer ses idées mais pas non plus qui impose ses idées, qui écoute sans entendre. Bref, du dialogue, du respect, des concessions et une grande dose de remise en question.
Nous avons appris la gestion administrative en libéral. C’est la partie la plus ingrate, la partie cachée de l’iceberg. Une réglementation à laquelle on doit toujours se référer, qui a ses failles bien sûr ! Les dérives sont faciles car point de patron, de responsable HSCT ou autre pour nous rappeler à l’ordre. Les sanctions administratives, financières ou pénales planent sur nos têtes, que nos erreurs ou fautes soient intentionnelles ou non. Quand on est honnête une rigueur drastique s’impose.
Il est plus aisé de faire régler le patient par exemple, si on fait une erreur, c’est lui qui ne sera pas remboursé… A chacun d’en mesurer les conséquences...
Le plus petit exemple : Le soin aura beau avoir été de qualité, si le patient n’est pas remboursé, c’est l’infirmier qui n’aura pas fait ce qu’il faut… Et peu à peu les rumeurs se répandent comme une trainée de poudre. L’image du cabinet se détériore. Les patients vont voir ailleurs et les conséquences s’imposent à chacun des membres du cabinet. C’est un bref raccourci mais n’importe quelle autre profession libérale connaît ce phénomène de « service après vente déficient». Etre son propre patron !!! On n’apprend pas cela à l’école des infirmiers. La gestion d’entreprise conditionne l’activité d’un cabinet tout autant que la qualité des soins dispensés. Et si cela choque les « puristes », il me semble que le travail d’introspection est encore long…
Ainsi, tels des éponges, nous avons absorbé ces rencontres, ces expériences.
Poursuivant la réflexion sur le chemin de notre vie, nos souhaits individuels, familiaux, peu à peu, l’évidence s’est imposée à nous. Bien plus que mari et femme, nous étions aussi le collaborateur, l’associé, le « pendant » professionnel l’un de l’autre. Si différents et si complémentaires !!!
La vie urbaine ne correspondait plus à nos attentes personnelles et professionnelles.
Être infirmier, n’est pas un costume que l’on enlève à la sortie du travail. Chaque expérience a forcément un impact sur notre moi profond. Que de richesses dans cette vocation !!! Si on sait l’observer et surtout si on veut se poser, on peut ressentir ce qu’elle nous apporte… Forts de nos expériences respectives, nous avons déterminé notre conception du métier d’infirmier libéral qui devait forcément allier qualité de travail et qualité de vie. Point d’égoïsme dans cette idée mais une réalité !!!
- Infirmier libéral (création de patientèle)
C’est ainsi que nous avons changé radicalement de vie. Nous avons vendu notre maison, cessé notre activité pendant 6 mois et déraciné notre fille de ses origines varoises pour nous installer dans la maison familiale de mon mari dans un petit village des Pyrénées. Cette belle région d’où est originaire Christophe était notre petit paradis, il nous fallait dès lors reconstruire un petit nid douillet pour vivre et créer, implanter notre cabinet d’infirmier libéral. Les mots dépeignent vite une situation mais il nous a fallu beaucoup de temps et mettre de l’argent de coté pour pouvoir vivre 6 mois (et même plus…) sans aucun revenu. La vente de notre maison varoise nous a beaucoup aidé mais un autre projet immobilier ne nous permettait pas de dilapider nos économies, d’autant que l’immobilier avait flambé en quelques mois dans la région. L’absence de loyer était cependant confortable et nécessaire. Nous avons finalement posé notre cœur sur les hauteurs d’un petit village où mon mari a passé son enfance, à 45 minutes de là. Un joli terrain paisible entouré de plaines et montagnes. Le lieu était posé, il fallait dès lors commencer les projets de construction et création du cabinet. Les déboires de l’artisanat local que je ne veux décrire dans ce chapitre ne nous ont permis d’habiter notre maison que 4 ans plus tard. Notre choix était clair, de fonder notre activité sur notre lieu de résidence. Point d’infirmiers dans ce village dont l’offre de soin était en partie assurée par des cabinets voisins (limitrophes mais autre département, autre région). L’absence de local à louer pour notre activité a amené beaucoup de démarches auprès des autorités locales. La gentillesse des grands-parents de Christophe nous a finalement permis de réaménager leur garage en local professionnel. Nous avons pris, bien entendu, entièrement à notre charge tous les travaux de mise aux normes pour notre activité (installation d’eau, travaux d’isolation du sol au plafond, peintures, salle d’attente et tout l’aménagement mobilier…). L’activité n’était pas commencée, le déficit financier déjà grand…mais la « candeur » de notre projet nous donnait des ailes.
Nous nous sommes ensuite présentés à nos confrères du village voisin. Nous avons entendu l’animosité qu’il régnait dans cette « confrérie ». Je cite : « Point de travail pour vous ici !!!». On pouvait sentir l’angoisse de chaque praticien à l’annonce de notre arrivée (« On n’aura plus de quoi manger… »). Pourtant, avant l’acquisition de notre terrain, nous nous étions renseignés sur les besoins locaux. Notre « étude de marché » était positive. Nous avons rencontrés les médecins, les pharmaciens, les biologistes, les kinés, les services de soins et d’aide à domicile, les CLIC… Toutes les personnes en corrélation avec notre profession. La publicité étant interdite dans notre profession, nous ne devions compter que sur l’impartialité des professionnels de santé. Un aimable article de presse de notre journaliste local a officialisé notre début d’activité. Nous avons pu également compter sur le bulletin municipal la première année qui présente les services disponibles à la population.
Le chemin a été encore long et sinueux pour arriver à la position actuelle conférée par le cabinet au sein de village. Heureusement, nous avons pu compter sur Christophe et sur une population accueillante qui voyait le retour de l’enfant du pays. Nous parcourions 1h30 de route aller/retour pour faire une prise de sang à 6,93 euros. Il nous fallait attendre 9h00, pour déposer le prélèvement à la pharmacie, c’était l’hiver… Un café et un croissant pris, fort agréablement cependant, dans le bar local nous permettait de patienter annulant le bénéfice financier de 3,47 euros du travail accompli. Il a fallu du temps pour se faire connaître. Rien n’est plus difficile que d’ouvrir son intimité, confier son bras, son corps, évoquer ses difficultés à des étrangers. Il a fallu que chaque patient, chaque famille rencontrée comprenne notre travail de relation d’aide, de confiance, de discrétion, de respect, bien au-delà de chaque geste technique. C’est ainsi que NOUS concevons et exerçons notre métier.
Nous avons pris et prenons toujours tant de plaisir à participer aux manifestations locales. Notre vie se poursuit dans ce cadre de festivités, de rencontres. Nous sommes conscients de l’énergie dépensée par ces concitoyens pour faire vivre notre village. Plus encore, nous sommes reconnaissants de toutes ces personnes qui nous ont ouverts leurs portes et c’est un tel bonheur de partager des moments agréables autres que professionnels.
C’est aussi ainsi que perdure « une entreprise », on ne peut prendre sans donner…
Il a fallu plus d’un an pour que notre entreprise arrive aux modestes objectifs financiers que nous nous étions fixés pour allier qualité de vie et qualité professionnelle.
Un remplacement local dans le respect strict de l’éthique professionnelle nous a un peu aidé financièrement.
Mon activé d’infirmière de sapeurs pompiers, ne laissait pas la place à l’ennui. J’ai eu ce bonheur dans ma vie de toujours allier mon travail, mes activités, à mes loisirs et mes passions.
Il a tout de même fallu 6 mois d’activité pour avoir notre première prise en charge globale et journalière. Heureusement, la vie, la population s’était organisée avant notre arrivée. Les services d’aide à domicile, les auxiliaires de vie assuraient et assurent toujours les toilettes des personnes en situation de dépendance.
Bien sûr, en travaillant en couple, nous ne pouvions envisager de vacances, il fallait assurer la continuité des soins mais nos carrières de militaires nous avaient déjà bien exercés à mettre de côté ce genre de loisirs.
La vie était belle et notre bonheur était là… tout autour de nous… à chaque instant.
Mais la vie veut parfois nous dire des choses… La brutale découverte du cancer de Christophe nous a confrontés à la réalité. Notre responsabilité de libéraux à assurer la continuité des soins ne laissent que peu de place à nos difficultés personnelles. Mon mari malade, mon beau-père en fin de vie, une tournée à assurer et une fille de 14 ans (avec une personnalité et une maturité remarquable) occupaient mes journées de 4h du matin à 23h le soir. Mais mon énergie redoublait, j’ai juste mis au ralenti mes activités de pompiers et cessé mes remplacements. Des confrères ont bien essayé de nous faire fermer le cabinet, souhaitant m’intégrer et récupérer la patientèle (à condition de réduire le temps que nous accordions aux patients).
Nous étions sereins quant aux suites opératoires de Christophe. Décidés de ne pas abandonner nos projets, nos valeurs à cause d’un « crabe ». J’ai eu un mari et un collaborateur formidable qui s’est vite langui de sa convalescence. Au bout de 2 mois, nous nous sommes adaptés pour qu’il reprenne en douceur l’activité.
Nous avons compris qu’il serait difficile de s’arranger avec les confrères locaux déjà très occupés et avons donc décidé d’inclure un nouveau collaborateur dans le cabinet.
Combien d’heures passées à dialoguer, expliquer les rouages de notre spécificité aux rares volontaires !!!
Les objectifs financiers de beaucoup étaient bien supérieurs aux nôtres. Il n’était pourtant pas question de mettre en difficultés une collègue. On ne peut faire du porte à porte pour trouver du travail. Nous ne sommes là que pour répondre à des besoins de santé (s’adapter et assurer quand ils sont plus grands et se serrer la ceinture ou profiter du calme quand ils sont moindres)… Mais peu à peu, le bouche à oreille a fait son chemin, la population nous a fait confiance. Huit mois ont été nécessaires pour préparer et aider la première collaboratrice dans toutes ses démarches jusqu’à son intégration dans le cabinet.
Cela devenait urgent, d’autant que la survenue brutale, d’un problème de santé me clouait au fauteuil et imposait ce coup-ci à Christophe d’assurer seul la continuité des soins à la patientèle.
Voilà plus de 4 ans, que je ne peux plus assurer les soins. Bien sûr, dans l’ombre, avec l’énergie qui me caractérise et qui me reste, je n’ai cessé d‘être « l’associée », co-fondatrice du cabinet avec mon mari.
Comment pourrais-je fermer la porte à mon collègue mais surtout à mon mari de cette vie professionnelle que nous avons construite ensemble (dans laquelle il est et je ne suis plus)?
Alors oui, je mets toute ma réflexion, mes connaissances, mon vécu (tant comme infirmière que patiente), mon écoute au service du cabinet, des collègues et de notre vie. C’est aussi un moyen de préserver ma santé mentale dans la situation de dépendance que je vis. Mon mari n’a pas fui cette situation, qui serais-je de me réfugier derrière ma santé pour l’abandonner ? Ce ne serait pas MOI dans tous les cas…
Ainsi, notre « petite entreprise » a prospéré. Aujourd’hui, elle fait vivre quatre praticiens. La première, à nos côtés depuis 4 ans, sait l’énergie que nous avons déployée tant pour le bien-être des patients que celui des praticiens.
Pour les 2 dernières, c’est différent. Quand on sort du salariat et qu’on arrive sur le « marché » du libéral, c’est vrai, on peut connaître des situations complexes et difficiles, parfois des gens peu scrupuleux car il n’y a pas d’école pour connaître tous les méandres de cette activité dite « indépendante ».
Quel infirmier n’a pas vécu ou ne peu raconter au moins une anecdote ou selon lui, « il s’est fait avoir » ?
C’est ainsi aussi que nous avons voulu faciliter l’intégration de praticiens dans notre cabinet, en toute transparence. Facilitant le travail de chacun, nous avons aussi érigés des règles car sans rigueur, la nature humaine est ainsi faite, il n’y a pas de respect. Chaque collaboratrice a ainsi intégré l’équipe, heureuse et appréciant tous les avantages de notre organisation :
- pas d’investissement initial : pas de frais de présentation de patientèle, prêt de lecteur de carte vitale, mise à disposition gratuite d’un local, mise à disposition d’un I.phone (pour les appels et la planification des soins)
- la charge administrative entièrement déléguée à 1 praticien du cabinet limite la location (et les frais) d’un seul logiciel de télétransmission pour 4 praticiens.
Le but est de :
- regrouper les dossiers médicaux,
- n’enregistrer qu’une seule fois les ordonnances (limiter le risque d’erreur),
- limiter les erreurs de planification ou facturations.
- Éviter les oublis de renouvellement d’entente préalable (DSI)
- D’assurer des facturations régulières (hebdomadaires) à tous les praticiens en même temps sans que les patients ne soient obligés de sortir sans cesse leur carte vitale (création de repères)
- Tout en préservant la facturation effective et indépendante des soins de chaque praticien
- Faciliter le contact avec les caisses d’assurance maladie et les mutuelles
- Potentialiser les frais d’envois des courriers
- Au final, soulager les autres praticiens pour s’occuper pleinement de la patientèle et préserver leurs repos.
La contrepartie, contractuellement acceptée, laisse les frais de gestion et fournitures du cabinet toujours justifiées par des pièces comptables.
C’est ainsi que nous avons mis sur la voie du libéral nos dernières consœurs, leur assurant des revenus immédiats tout au moins équivalents à leurs salaires antérieurs, répondant au plus juste à leurs doléances de planning.
Nos objectifs étaient bien de s’entourer des collaborateurs qui prennent conscience de « l’entreprise libérale ».
Mais nous sommes des autodidactes dans les notions de ressources humaines.
Nous recherchions des infirmiers issus de divers horizons, d’âges et de situations familiales différentes :
- Pour respecter les objectifs financiers et familiaux de chacun
- Pour enrichir professionnellement et qualitativement le travail de chacun et de tous (car c’est la diversité et l’échange qui font la force d’une équipe).
De nos expériences passées, nous avons dû mettre des « garde-fous » pour protéger le cabinet et chacun des membres de l’équipe (souvent contre eux-mêmes).
Donc, en toute bonne foi, bien que chaque infirmier conserve sa totale « indépendance », nous, en quelque sorte « créateurs d’entreprise », avons émis des règles pour la pérennité du cabinet toujours dans le respect des règles professionnelles, des patients et des praticiens :
- Le respect des horaires
- Des transmissions entre praticiens (pour assurer le suivi des patients, la cohésion d’équipe, le partage d’un métier parfois lourd psychologiquement)
- Des réunions entre collègues pour évoquer les états d’âme, trouver des solutions, faire progresser l’organisation…
Mais parfois, la passion d’une entreprise appréciée par certains peut-être vécue comme de l’ingérence par d’autres.
De sa rigueur, chacun peut être taxé de rigoriste… C’est juste une histoire de sémantique et de point de vue individuel…
L’incompatibilité d’humeur, la difficulté de conciliation sont incompatibles avec l’activité d’infirmière libérale en équipe.
L’infirmier libéral est seul dans son travail immédiat, l’importance d’une équipe dans un cabinet prend là toute sa dimension. Chacun doit essayer d’avoir le discernement suffisant pour accepter le dialogue dans l’intérêt de tous.
Reconnaître une situation, accepter de modifier ses comportements, ses actions, n’est certainement pas « courber l’échine ».Notre travail est bien loin de nos égos personnels. Les « coups de gueules », les difficultés personnelles sont le reflet de nos émotions, elles doivent pouvoir s’exprimer pour nous faire avancer. Mais, les ruminations, les rancœurs et la rancune sont des entraves à notre épanouissement personnel et ont des conséquences néfastes dans notre activité professionnelle.
L’égo maîtrisé, chacun doit pouvoir ainsi évoquer les erreurs, oublis… de l’autre sans préjugés car ce sont bien de nos erreurs et de nos échecs que l’on apprend le plus. Personne ne doit se dédouaner de ses erreurs.
A ce jour, deux infirmières viennent de nous annoncer leur départ à la date du 1er janvier. Cette situation, courante dans la profession, permet de respecter les objectifs et choix d’orientations professionnelles de chacun quand les volontés d’un individu ne sont plus en corrélation avec le fonctionnement d’un cabinet.